
« Je suis jeune, j’aimerais reprendre l’exploitation familiale, mais je me demande si je vais pouvoir le faire. Est-ce que ça vaut le coup de sacrifier ma santé et ma vie sociale pour pas grand-chose en retour ? ».
Ces mots forts, émouvants, nous les avons entendus cette semaine au Parlement européen, lors d’une rencontre organisée par nos députés avec des agriculteurs de la coordination rurale.
Ces derniers étaient à bout, fatigués d’années de souffrances et d’abandon de l’État. Ils subissent en effet une pression intenable. Les normes européennes notamment issues du Pacte Vert, déconnectées des réalités du terrain, s’alourdissent tandis que des accords de libre-échange sacrifient notre modèle agricole.
Les négociations presque abouties avec les pays du Mercosur angoissent à juste titre nos paysans.
Cet accord prévoit notamment d’inonder le marché européen de viandes sud-américaines produites sans aucun respect des normes de qualité, de traçabilité, d’élevage imposées à nos agriculteurs. Les clauses miroirs incontrôlables, le bien-être animal ignoré, tout est sacrifié sur l’autel mondialiste et le business international.
Les faibles coûts de main d’œuvre, l’emploi de pesticides interdits en Europe, l’utilisation massive d’hormones entraînent une concurrence totalement déloyale contre laquelle nos agriculteurs n’ont aucune protection, aucune réponse d’un gouvernement français qui leur avait promis monts et merveilles lors des premières révoltes du début d’année.
Les conséquences sont à présent encore plus dramatiques : on ne compte plus les exploitations qui ferment, les agriculteurs qui se suicident, les familles qui abandonnent une activité essentielle pour eux et le pays.
Rien de pire que de se résoudre à abandonner ce qui nous passionne, ce que nous avons souvent reçu en héritage et que nous ne pouvons plus transmettre à nos enfants, ce qui ne fait plus vivre notre famille.
Face à cette situation, à ces drames présents et à venir, l’Union européenne et la France auraient dû depuis longtemps adopter une politique ferme : refuser les traités de libre-échange, valoriser notre modèle agricole, privilégier nos producteurs locaux, soutenir les circuits courts, simplifier les normes, laisser les agriculteurs s’occuper de ce pour quoi ils excellent en France: la terre, l’élevage, la vigne!
Nous persévérons dans ce soutien sans faille à cette agriculture fière, durable et résiliente. Protéger nos agriculteurs, c’est aussi préserver notre enracinement dans la ruralité, notre identité, notre histoire. Impossible de se projeter dans cette mondialisation désincarnée, déshumanisée, artificielle.
Ce combat est vital, nous ne lâcherons rien !

Jean-Paul Garraud
Président de la délégation RN au Parlement européen