
Revue de presse présentée par : Nathalie GUIHOT-VIEIRA
Dissuasion. L’arsenal nucléaire se retrouve au centre des débats sur l’Europe de la défense
Seul pays de l’Union européenne à disposer de l’arme atomique, la France est propulsée au cœur des angoisses sécuritaires du Vieux continent, contraint de réagir face aux risques de désengagement américain. Emmanuel Macron ne s’y est pas trompé, en déclarant être prêt à « ouvrir la discussion » quant à un éventuel élargissement de la dissuasion nucléaire française à l’Europe …
Une polémique que le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a tenté d’éteindre en précisant que la « dissuasion nucléaire est et restera française, de la conception et la production de nos armes, jusqu’à la mise en œuvre sur décision du président de la république ». Dans l’entourage du ministre, on ajoute qu’il est nécessaire de « rediffuser notre culture stratégique » en répondant, notamment, à « beaucoup de pays qui nous posent des questions sur le fonctionnement de notre dissuasion. »
Pas de partage direct donc, mais un retour à une « position gaullienne » qui place les intérêts stratégiques vitaux de la France au-delà de nos frontières. « Dès le livre blanc de la Défense de 1972, la projection nucléaire française allait au-delà de notre simple sanctuaire national et concernait, aussi, nos alliés européens » explique Benoît Grémare, chercheur associé à l’institut d’étude de stratégie et de défense. A quoi ressemblerait un élargissement vers l’UE ? « Plusieurs scénarios son envisageables », poursuit Benoît Grémare, « le plus plausible est de voir se mettre en place un parapluie nucléaire français, en complément ou en substitut au parapluie américain, conditionné à une primo-offensive nucléaire russe ».
Une demande déjà formulée par la Pologne et reprise par le chancelier allemand Friedrich Merz. Face à ces requêtes, Emmanuel Macron fait savoir qu’il est temps de proposer un « dialogue stratégique » aux partenaires européens dont les « capacités embarquées sont dépendantes des États-Unis ». Fautil comprendre par là que les avions de chasse et sous-marins nucléaires français pourraient être déployés aux frontières orientales de l’Europe ? Si oui, à quel prix ? A peine évoquée, la proposition d’Emmanuel Macron instaure un flou total.
Marine Le Pen : « Partager la dissuasion nucléaire, c’est l’abolir et donc affaiblir la France »
« Si Emmanuel Macron décidait de partager l’arme nucléaire avec l’ensemble des pays de l’UE, comme il l’a suggéré, il déposséderait la France d’une prérogative essentielle et trahirait ses devoirs constitutionnels ».

A lire sur Boulevard Voltaire : https://www.lejdd.fr/International/dissuasion-nucleaire-la-france-va-t-elle-devenir-le-bouclier-de-leurope-155548