Revue de presse de la semaine

Revue de presse présentée par : Nathalie GUIHOT-VIEIRA

Faut-il à la France un département de l’Efficacité gouvernementale ?

Lancé en 2025 sous l’administration Trump, le département de l’Efficacité gouvernementale (DOGE) américain, dirigé par Elon Musk, fascine autant qu’il dérange. Ce projet, qui tranche dans le gras bureaucratique avec une logique managériale implacable, pose une question cruciale pour notre pays : et si la France, à son tour, devait adopter une telle thérapie de choc ? La tribune d’Angéline Furet, eurodéputée Rassemblement national, analyse ce qui pourrait ou devrait inspirer un gouvernement français soucieux de bonne gestion.

Notre État, englué dans des dépenses publiques record et une dette abyssale, ressemble à un navire en perdition. Les réformes timides échouent, les lourdeurs administratives étouffent l’innovation et la défiance des citoyens grandit. Face à ce constat, une refonte radicale s’impose. Le modèle du DOGE, malgré ses controverses, offre une vision audacieuse : un État agile, recentré sur ses missions essentielles, libéré des pesanteurs bureaucratiques.

Un État pachydermique et des réformes tièdes

Avec 57 % du PIB engloutis par les dépenses publiques et une dette frôlant les 3.000 milliards d’euros, notre pays vit à crédit sur le dos des générations futures. Les administrations, noyées sous des procédures kafkaïennes, échouent à répondre aux besoins élémentaires : six mois pour un permis de construire, des attentes interminables pour une carte d’identité, des projets d’infrastructure étouffés par des rapports d’études. Ces dysfonctionnements ne sont pas une fatalité : ils résultent d’un système qui a perdu de vue sa raison d’être, privilégiant le formalisme à l’efficacité.

Depuis des décennies, les tentatives de modernisation se heurtent à un mur d’immobilisme. Les lois sont diluées dans des compromis, les effectifs de la fonction publique territoriale ont gonflé de 20 % depuis 2000 et les niches réglementaires prolifèrent. L’énarchie, gardienne d’un système sclérosé, préfère le confort du statu quo à l’audace des ruptures nécessaires. Résultat : une croissance atone (0,9 % en 2023), un chômage structurel et une désindustrialisation qui sapent notre souveraineté. Face à ce naufrage annoncé, le modèle du DOGE américain offre une piste provocante : remplacer les ajustements cosmétiques par une refonte totale des priorités de l’État. Les demi-mesures ont échoué ; seule une approche systémique, inspirée de méthodes managériales agressives, peut inverser la tendance.

Boulevard Voltaire – 7 mars 2025

Un DOGE français ?

Elon Musk a démontré qu’une approche autoritaire pouvait obtenir des résultats tangibles : suppression de 420 millions de dollars de contrats inutiles en 80 heures, remplacement des processus archaïques par des outils d’IA et licenciements massifs dans les agences fédérales. Ces actions, bien que critiquées pour leur brutalité, ont révélé un potentiel : une bureaucratie allégée peut redevenir un outil au service des citoyens.

Un département de l’Efficacité gouvernementale à la française reposerait sur :

– Une purge législative qui consisterait à abroger systématiquement les lois redondantes (40 % du Code du travail, selon le Conseil d’État).

Un démantèlement des rentes en supprimant les agences redondantes (Hauts Conseils, Observatoires) et les subventions idéologiques (1,2 milliard d’euros/an alloués à des associations militantes).

Une révolution numérique avec la généralisation de l’IA administrative, sur le modèle estonien (99 % des services publics dématérialisés).

Contrairement à nos dirigeants, soumis aux lobbys et aux échéances électorales, un DOGE exigerait un chef missionné pour cinq ans, doté de pouvoirs étendus : veto sur les embauches publiques, accès direct aux données financières de toutes les administrations et pouvoir de sanction en cas de non-coopération. Un tel mandat permettrait d’agir sans être paralysé par les cycles politiques courts.

Les trois obstacles à franchir sont les suivants :

1. La forteresse bureaucratique. Bercy, le Conseil d’État et les grands corps formeront un front du refus. En 2023, 72 % des hauts fonctionnaires jugeaient « irréalistes » les projets de réduction des dépenses publiques. Ces institutions, habituées à l’opacité, rejetteront toute transparence imposée par un DOGE.

2. Le poids des corporatismes. Avec 5,7 millions de fonctionnaires (22 % de l’emploi total), toute réforme déclenchera des grèves massives. La réforme des retraites de 2023 a paralysé le pays pendant 14 jours. Les syndicats, défenseurs acharnés des privilèges acquis, mobiliseront contre une refonte perçue comme une menace.

3. Le carcan européen. Les traités de l’UE, comme le pacte de stabilité, limiteront notre marge de manœuvre. Bruxelles, prompte à sanctionner les États trop audacieux (voir l’Italie en 2018), ne nous épargnerait pas. Une réforme d’ampleur nécessiterait une renégociation des règles européennes, un pari risqué dans le contexte actuel.

L’efficacité ou le déclin

La question n’est pas de copier servilement le modèle Musk, mais de s’inspirer de son esprit : agir vite, cibler l’essentiel, mépriser les tabous. Un DOGE à la française ne serait ni une dictature technocratique ni une cure d’austérité aveugle, mais un outil pour reconquérir notre souveraineté.

Il ne s’agit pas de détruire l’État-providence, mais de le sauver de lui-même. Comme l’écrivait Montesquieu, « les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires ». En supprimant le superflu, en modernisant l’administration, en restaurant la primauté de l’intérêt général sur les égoïsmes catégoriels, nous pourrons redresser la barre.

Le temps n’est plus aux demi-mesures. Face à l’urgence économique, sociale et géopolitique, seule une rupture assumée évitera le naufrage. À nos dirigeants d’avoir le courage d’agir – ou de laisser place à ceux qui l’auront.

A lire dans La Tribune du dimanche 9 mars 2025 :

Socle commun : première ébauche

Gérard Larcher : « il ne faudra qu’un seul candidat issu du socle commun sur la ligne de départ en 2027. C’est à ses yeux un impératif afin de garantir la présence de cette alliance non contractualisée entre Renaissance, LR, Horizons et le MoDem au second tour de la prochaine présidentielle. Quant à la méthode pour le désigner (faudra-t-il une primaire ?), il renvoie cette question sensible à plus tard.

A lire dans Le Journal du dimanche du 9 mars 2025 :

Emmanuel Macron, l’Élysée veut « faire peur ». Belliqueux, le président français assume de souligner la menace d’une guerre et joue la surenchère avec le président russe. Effet drapeau – entre angoisse et sidération, la majorité de l’opinion publique semble pour l’instant se ranger derrière la figure du président protecteur.

Diversion : ces autres guerres que Macron refuse de mener. Évitement – le chef de l’État s’agite sur l’Ukraine mais esquive d’autres batailles : dette, immigration, Algérie … Jules Torres Emmanuel Macron déploie une énergie inépuisable pour convaincre les Européens de soutenir l’Ukraine. Cent pour cent de son temps consacré au « réveil » européen, à l’ombre d’une France qui s’effondre sur elle-même. Curieusement, cet activisme forcené sur la scène internationale est le reflet inversé de ses renoncements intérieurs. Il se bat pour Kiev, mais fuit les batailles essentielles chez lui : immigration hors de contrôle, explosion de la dette, crise avec l’Algérie. Autant de fronts où il recule, tergiverse, ou feint d’agir….

A force d’éviter les guerres nécessaires, il prend le risque de voir le pays sombrer sous les assauts conjugués de l’immobilisme et du déni. Gouverner, ce n’est pas esquiver, c’est trancher. Mais Emmanuel Macron préfère repousser l’inévitable. Jusqu’au jour où la réalité, implacable, le rattrapera.

Ruralité – l’inquiétant recul des fermes laitières se poursuit – Stanislas du Guerny

Souveraineté – entre la baisse incessante du nombre de producteurs et du cheptel, la fragilité de la filière laitière est grandissante.

Les producteurs de lait sont très inquiets. « Non seulement les négociations tarifaires 2025 avec les distributeurs et les industriels sont difficiles, détaille Yohann Barbe, président de la Fédération nationale des producTeurs de lait (FNPL), mais en plus nous continuons à perdre près de 8 000 producteurs par an ». Si la courbe se poursuit, insiste-t-il, « c’en sera fini de la souveraineté laitière française dans quelques années ». De la Bretagne à l’Auvergne-Rhône-Alpes en passant par les Pays de la Loire, les principales régions laitières sont confrontées au très lourd défi du renouvellement des 50 000 éleveurs, dont la moitié prendra sa retraite d’ici dix ans.

« Nous voyons bien la solution souhaitée par les industriels et la grande distribution. Ils prônent un agrandissement important des élevages pour passer de 70 animaux en moyenne, actuellement, à minimum 200 bêtes. » Mais ce projet de nouveau modèle n’est pas du goût de la majorité des 2 000 jeunes qui s’installent chaque année. Ils voudraient surtout que l’on conserve en priorité des élevages de « taille familiale » en privilégiant si possible des ventes directes, à la ferme, de leurs produits laitiers. Afin d’attirer des vocations vers ce métier très contraignant, qui occupe 12 mois sur 12 et 7 jours sur 7, la filière met notamment en avant les robots de traite qui libèrent un peu le producteur puisque le tirage s’effectue à la demande de la vache. « 20% des fermes en sont équipées ». Ce qui n’empêche en rien la baisse récurrente du nombre de fermes. On comptait 120 406 exploitations en 2000, seulement 46200 en 2022. Parallèlement, le nombre d’animaux ne cesse de diminuer lui aussi : le cheptel a encore baisse de 1,6% en 2023 et de 2,1% l’année dernière…

L’avenir des productions agricoles du territoire inquiète. La filière porcine est à deux doigts de se tourner vers d’autres pays pour remplir ses abattoirs, quand celles de la volaille, des fruits ou des légumes sont très largement importatrices.

Qu’en sera-t-il du lait ?

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